dimanche 1 août 2010

Post combustion

Pendant notre sejour en France, j'ai quand meme de temps en temps suivi ce qui se passait sur mes blogs preferes...
Y'a eu un ensemble de posts croises a propos de la rencontre entre Dany et de Mathieu (le resume est ici, chez Arnaud): le sujet etait a la base sur les donneurs de lecons en general, mais plus particulièrement sur les vendeurs de cravates et leur conseils aigris. La conclusion etant, je cite: "Mon conseil le plus important, je dirais, c’est de ne pas suivre le conseil des autres".
Y'a une partie de moi qui acquiesce completement le raisonnement de Danny...
Mais...
Mais je peux pas m'empecher de faire le parallele entre le monde de la recherche scientifique et l'expatriation aux US: etre bon, motive et y croire ne suffit pas. Que ca plaise ou non: il faut aussi et surtout avoir un cul borde de nouilles, a un moment ou a un autre.
C'est vrai: je connais des bons qui ont reussi ici. Des Danny, des Arnaud... Ma blogroll en est pleine. Et tous en ont chier pour y arriver, c'est sur. On en a tous chier. T'as rien sans rien, faut se donner a fond.
Je connais aussi des mauvais. Qui ont reussi aussi. La chance sourit aussi aux nazes, c'est comme ca. Mais bon a la limite, c'est pas ce qu'il y a de pire.
Le pire, c'est les bons qui n'ont pas eu le coup de pouce du destin au bon moment. Des qui en ont chie pour rester ici, qui ont tout tente et a qui, au final, l'immigration a dit "degagez, y'a rien a voir".
Y'a un sesame ici qui est imperatif: la Green card. C'est pas que ca simplifie les choses. C'est que sans elle, rien ne sera possible*.
Et pour avoir la Green card, tout ne depend pas de vous. Pas QUE de vous: ca depend de votre job (toutes les boites ne sponsorisent pas le diversity visa), de votre vie (faut trouver la bonne epouse, Americaine ou deja permanent resident et detail important, les gays sont donc exclus car les mariages gays restent non reconnus au niveau federal), ou de votre bonne etoile (pour la loterie).

Donc moi, mon conseil est le suivant: ne suivez pas le conseil des autres, OK. Restez motives, sachez ce que vous voulez et battez vous pour l'avoir... Mais regardez bien autour de vous, ceux qui sont passes a travers les mailles du filet sont en fait peu nombreux. Les considerer comme un exemple est une dangeureuse erreur: ils ne sont pas des exemples, ils sont des exceptions. Preparez donc bien votre plan de retour. Juste au cas ou. Echouer n'est pas le probleme. Le probleme c'est echouer sans y etre prepare. D'ailleurs les "vendeurs de cravates", ce sont toujours les mecs qui n'etaient pas prepares. Prenez-en de la graine.

NDR: Et oui, carrement: je m'estime chanceux. Je l'ai toujours dit. Sans la Green Card, on aurait ete contraint de rentrer au pays... Et par la petite porte, qui plus est.
J'ai deja entendu des compliments tres flatteurs a propos de ca: "On a la chance qu'on merite", "il faut savoir provoquer sa chance" et autres phrases dans le meme genre.
Bin je suis desole, mais non. Je peux etre fier de ce que j'ai fais des opportunites qui se sont presentees a moi, je pense pas en avoir gachee une seule. N'empeche que sans elles...

*: OK, y'a des exceptions: des mecs sans papiers depuis 20 ans. J'en connais un. C'est pas une vie.

9 commentaires:

Arnaud H a dit…

Tu résumes bien. J'avais fait un billet là-dessus il y a un an ou deux. Les médias français parlent toujours de ceux qui réussissent, en oubliant de parler des milliers qui échouent.

Il y a cependant une chose que j'aime dans la culture américaine. Un échec n'est jamais considéré comme tel à partir du moment où on en tire une leçon et qu'on a donné le maximum. C'est une expérience qui servira pour la suite.

Dr. CaSo a dit…

On peut vivre 10 ans aux Etats Unis et légalement sans green card, je l'ai fait :)

Mais je suis d'accord qu'en fin de compte, la chance a beaucoup à voir dans tout ça. Je me considère chanceuse mais c'est vrai que tout n'est pas, et n'a pas été, rose tous les jours! (ceci-dit, ça n'aurait sûrement pas été rose tous les jours non plus si j'étais restée en Europe).

Le Piou a dit…

Par Green Card, j'entendais "visa" au sens large. Toi, tu bossais a l'epoque pour une universite: c'est une situation ou avoir un visa n'est pas difficile en soit (les visas universitaires etant hors cotas).
Maintenant dans le prive c'est autre chose: toutes les boites ne sponsorisent pas et meme pour celles qui sponsorisent, avec le probleme du nombre de visa, y'a maintenant meme une loterie pour la selection des dossiers...

Ben a dit…

tres bon article! qui resume parfaitement la situation des travailleurs etrangers: sans visa de travail ou une green card, le 'reve americain' n'est pas possible!

PS: depuis 2009, il n'y a plus de loterie pour le visa h1b, car il en reste beaucoup de disponibles (oui la crise a frappe!)

bon courage pour la reprise et le retour ;-)

Arnaud H a dit…

Ben : je pense que le Piou faisait allusion à la Diversity Lottery du Department of State.

Le Piou a dit…

Non, non: dans mon dernier commentaire je parlais bien de la loterie pour les H1b.
Content de savoir que c'est fini...

nico@HI a dit…

@Le Piou.
Je ne crois pas que ce soit fini.
La loterie H1-B repartira avec l'economie, c'est obligatoire.
C'est meme un bon indicateur que l'economie sera repartie.
La conclusion logique, c'est que l'economie n'est pas vraiment repartie.

ileavache a dit…

J'opine totalement du chef au niveau cul et nouilles. En 2003 en pleine crise j'étais prêt a plier les gaules when suddenly the stars aligned nicely.

LoicInSeattle a dit…

C'est clair que dans toutes les histoires d'expats que l'on lit, et la notre, la chance joue un rôle.

Je suis un gros fan de la phrase: "On a la chance qu'on travaille" mais bon parfois on a beau travailler, il faut un coup de pouce du destin qui n'est vraiment pas dans tes mains... il faut juste avoir suffisamment travaillé en amont pour pouvoir saisir l'opportunité.

On se disait aussi que la chance a joué peut-être pas pour 'permettre' mais pour faciliter.

On a eu pas mal de coups de bols qui nous ont évité des montagnes de travail et de stress... Et c'est vrai que sans ce bol, l'expérience serait nettement moins plaisante, voir en péril.