samedi 30 novembre 2013

Histoires de grappes. Part One.

J'avoue. Je suis longtemps reste TRES TRES chauvin sur la question du pinard.
Maintenant, je suis plus nuance...

Background rapide: y'a toujours eu du pinard sur la table a la maison.
Pas que PapyPiou etait un alcoolique (loin de la, en fait... Plutot sage meme, le bonhomme, je dirais*), mais y'avait toujours une bouteille ouverte a la maison.
J'espere que la famille n'hesitera pas a me corriger si je me trompe (j'encense peut-etre un peu la realite, mais je me souviens clairement des bouteilles non-etiquettees de pinard qu'il achetait en gros et qu'il embouteillait avec ses copains dans le garage, non?) mais y'avait toujours une bouteille presente dans la cuisine ou sur la table du salon.
Je me souviens des Cahors a 2 sous qui assuraient le "pour-tout-les jours".
Un verre le soir, pour le fromage ou pour ses pates preferees: "beurre-poivre-et-c'est-tout".

Bref.

Un jour, "je m'y suis mis".
J'etais en "mission" en Alsace.
J'avais decide de "maigrir un grand coup".
Du coup, je bouffais pas le soir** et je me retrouvais avec du pognon "en trop" sur mon allocation/budget "bouffe" quotidienne.
Je me souviens tres bien de ce moment. C'etait au Auchan d'Illkirch, au detour des rayons, je venais de tomber sur un Chateau Fougas, cuvee Maldoror.
Et ce pinard, dans ma famille, il a une sacree signification. Kuddos to ma belle-soeur, c'est elle qui avait trouve le filon-magique-auquel-j'ai-toujours-rien-compris, mais il se trouve qu'on recevait chaque annee du Fougas, avec notre nom de famille sur la bouteille. Enorme. D'autant qu'en plus, il etait bon!
Donc, ce soir la, je suis reparti du Auchan sans bouffe, mais avec le guide Hachette des vins et 2 boutanches sous le coude: un Citran 95 et un Coufran 96***.
J'en ai ouvert une le soir meme.
Le sur lendemain j'ai ouvert l'autre.
Et le week-end suivant, je suis parti faire la route des vins.
Je suis revenu de mission sans la structure de ma topoisomerase, mais avec plus de 600 Francs de "local"**** dans le coffre.

Et voila: j'etais dedans.
A fond.
Je me suis achete un livre de cave, et j'ai commence a le remplir scrupuleusement...
Mon wall of fame...

On s'est meme pris au jeu tres vite avec la bande: on a commence a aller au salon des Vignerons independants, a se faire des soirees degustation mensuelles chez moi, puis sont venus les achats en primeurs, et enfin les achats en gros.
Je me rappelle du passage a feu la cave d'Auchan: "Combien vous en voulez?" m'avait demande le vendeur... "je sais pas combien il vous en reste?". Grand moment.

Perso, j'ai commence "facile": en me specialisant principalement sur le Bordeaux*****. Puis sur l'Alsace, meme si la, avec l'aide des locaux, je me suis vite limite a quelles bonnes adresses******...
N'empeche qu'en 2003, j'etais a la tete d'une jolie p'tite cave de 80-90 bouteilles.
Pas mal pour un thesard paye au SMIC.

Puis y'a eu le depart.
Deplacer les bouteilles chez Papa et Moman, pour "une aventure de 2-3 ans"*.
Ca coincidait avec le depart de PapyPiou.
Il le savait.
On le savait tous d'ailleurs.
Le jour ou le toubib a dit qu'ils rouvriraient pas, lui, il a decide qu'il avait beaucoup trop de bouteilles dont il ne connaitrait jamais le gout.
Alors pendant que MamyPiou etait a l'hosto (ils avaient un abonnement a l'epoque, ces 2 la...), il a decide de faire de la place pour mes bouteilles dans sa cave.
Je garde de ces 2 semaines, un super souvenir.
J'ai jamais pris le temps de lui "dire".
Je voulais surtout pas lui dire que je savais qu'il etait cuit, et que quand je partirai pour Roissy, 2 semaines plus tard, je savais que je le reverrai jamais. Peut-etre j'aurai  du. En meme temps, on se serait forcement mis a chialer... Autant de minutes de rires de perdues, alors bon...
On s'est donc rien dit.
Par contre, je me souviens bien de ce Brane-Cantenac 1986. Je lui avais offert pour la fete des Peres, 1 an plus tot. Si je me souviens bien, ou l'a siffle la veille du retour de MamyPiou.
Entre nous.
"le poids des mots, le choc des photos" melange a "in vino veritas", quoi.

Bref. Je peux pas dire que je connais le vin ou que je suis un specialiste/amateur. Mais j'aime le vin. Suffisamment pour pouvoir me faire plaisir a coup sur.

Mais du coup, quand je suis arrive ici, il a fallu recommencer a zero...
Tout reapprendre: les bonnes adresses, les differentes appelations... Et aussi apprendre les trucs locaux: Zinfandel, les mono-cepages, Les Pinots Noirs gaves de soleil...

Mais bon ca c'est une autre histoire.
A suivre donc...

*: par comparaison avec moi-meme? Sans doute...
**: le seul regime vraiment efficace pour peut qu'on ait pas de gosses et donc pas de presence a assurer aux repas...
***: aucun merite: tout est consigne dans mon livre de cave... ;-)
****: principalement du Bernhart et Reibel: une caisse du cuvee St Hubert.
*****: c'est facile le Bordeaux. Suffit de trouver l'appelation qu'on prefere, puis d'apprendre les bons millesimes... Le borgongne est plus difficile en ce sens: on peut pas se fier a l'appellation: faut connaitre les bonnes maisons... Comme pour l'Alsace, mais en moins etendu, donc plus facile...
******: Bernhart et Reibel, donc mais aussi Kreydenweiss pour les grands crus ou aussi, les petits avec des vins "rustiques-qu'on-fait-plus" comme le Sylvaner Vielles Vignes de Kumpf et Meyer...

mercredi 27 novembre 2013

Merci bien, les gars.

Demain donc c'est Thanksgiving. Big deal, here.
Aussi en France Parait-il (meme si j'y crois pas trop...)

Nous on le passera avec notre famille d'ici: Entre immigres.
D'ailleurs pour le coup, je me lance dans un truc delire donc je veux pas en parler avant de savoir si ca va etre bon.
Mais en gros, je tente une vraie fusion entre cuisine Francaise et tradition US.
Donc une dinde (2 en fait, on est 12...), cuisinee a la Francaise, mais servi a l'Americaine, Avec decoupe au moment du service...
Ca promet.
De toute facon, au pire, avec les boissons que j'ai prevu, ils seront surement tous bourres et n'y verront que du feu, si c'est degueu...

Thanksgiving, c'est vraiment important ici. Je l'ai deja dit, mais plus le temps passe, plus je realise a quel point c'est leur truc, aux locaux.
Certains traverseront le pays pour passer ce week-end en famille. Certains reviendront meme au pays pour ce repas de famille.
Je trouve ca genial.
Je trouve ca genial, pass'que dans ce pays aux visions polarisees a l'extreme (politique, religions, cultures...) C'est le seul truc ou tout le monde va suivre la tradition: Juifs, Gays, Cathos, Latinos, Berberes, bruns, eclopes, allergiques au poulpe... Tout le monde demain passera un bon repas avec ceux qu'ils aiment.
Bon sauf les cholereux-racistes-super-relou, mais bon, eux ils cherchent...
Je trouve ca genial.

Je trouvais ca genial, en fait... jusqu'a ce que j'ecoute une emission de radio en allant au boulot sur le Food Drive qui existe chez Walmart, la compagnie qui pue...
Je vais resume la situation: les mecs qui font du ble chez Walmart, vont acheter de la bouffe qu'ils vont redistribuer a ceux qui dans la meme compagnie ne gagnent pas assez our se passer une dinde a $25, une fois par an (deja les mecs, ils gagnant pas assez pour payer leur medocs, alors une dinde...)
Sincerement, quand on y pense a priori, c'est une bonne idee... Les managers en gros, offre une dinde a leur reports. Bon, soit.
Maintenant que je suis chef, je me suis dis, ca serait sympa de le faire aussi.
Apres tout.
Sauf quand y reflechissant bien y'a quand meme une enorme difference: mes gars a moi peuvent se payer un dinde. Pass'que ma boite ne les exploitent pas pour me payer moi.

On touche quand meme le fond du cynisme, la. Pass'qu'en plus les mecs de chez Walmart, ils te diront que c'est super de voir cette solidarite entre "associes"... ('sont pas employes, les mecs... Ils sont "associes"... Ca change tout hein?)

C'est quand meme flippant.

Je sais meme pas comment reagir a ca. Pass'que bien sur, "c'est pas bien". Donc la premiere idee qui vient a l'esprit, c'est "boycottons ces fumiers".
Bin ouais, mais c'est un peu comme gueuler sur les mecs d'astreinte pendant une greve.
Le mec, il est a. Et il prend pour tout le monde.
Et puis encore un fois*: c'est tellement facile pour moi de dire de boycotter Walmart... Mais en meme temps, j'en connais qui, une fois par mois, vont y passer, pass'qu'il sont pas le choix.
Et je peux pas leur jeter la pierre.
Je jugerai donc pas. Chacun a sa conscience. Mais pour ceux qui savait pas... Bin maintenant, ils savent...

A bon entendeur.


Happy Thanksgiving.


*: je vise personne. Y'a eu des discussions... "ouvertes" sur un autre blog, que j'ai pas envie de rouvrir ici, le debat sur les bonnes idees de chacun est completement sterile, a mon humble avis...




samedi 9 novembre 2013

Calimero

Il a eu de la chance, P'titPiou.
Je crois que tout a commence le jour ou je me suis plante avec la Mostro... en 1998?
Virage tout con, au bout de la rue... Virage que je prenais tous les jours.
Bin un jour, j'ai fais graviers.
Enfin, buissons-puis-trottoir.
L'avantage c'est que les buissons ont amorti la chute. Donc jai pas eu de gros bobos.
Par contre, j'ai bien tape l'arriere de la tete sur le trottoir.
Mixed feelings, comme on dit ici: bien content d'avoir achete un casque le mois precedent.
Un peu moins content de l'avoir nique au bout d'un mois seulement.
Je suis direct alle en acheter un autre casque (le meme!) et aussi un vrai blouson de moto. Pass'que le Fly Jacket, c'est bien que si on se plante dans des buissons. Et comme l'histoire prouvera qu'on sait jamais ou et quand ca arrive ce genre d'emmerdes...
Et des gants.
Et des bottes.
Je crois que c'est cette gamelle qui m'a fait prendre conscience qu'il faut correctement s'equiper. Quoiqu'on fasse. On ressemble parfois a un guignol, mais bon, quoi...
Bref.
Il a eu de la chance, P'titPiou, pass'que du coup, le jour ou je me suis mis au off-road, j'ai fait pareil: Dorsale, bottes, gants, casque, fut.
Tout.
Encore.
Gadins, re-gadins, pelles, back-flip... La gravite m'a encore demontre qu'elle pouvait me chopper quand elle voulait, ou elle voulait.
Du coup quand je me suis mis au VTT, la encore, j'ai pas hesite: costard complet.
J'ai arrete y'a bien longtemps de compter les fois ou je finis par terre. Mais clairement, j'ai pas jete mon argent par la fenetre.
Je crois que c'est pour ca qu'il a eu de la chance, P'titPiou.
Pass'que pour lui, comme pour son frere, la premiere fois qu'il est monte sur un velo, il a pas eu le choix: c'etait avec un casque et une paire de gants... Pas de negociation.
"C'est ok, comme ca, je ferai comme papa".
Il pensait pas si bien dire.

Et meme si l'aspect exterieur de casque semble dire que ca pas ete si grave que ca:

Les cracks de la structure interne confirment que heureusement il portait un casque*:

Il a eu de la chance, P'titPiou.
Il a eu de la chance que, y'a 15 ans, il y avait des buissons le long de la rue Pierre Marcille...

*: et un vrai casque, pas une connerie non-homologuee: un vrai Bell, paye au prix fort.

mercredi 6 novembre 2013

Tellement plus de peur...

C'etait pourtant une belle balade.
Super soleil, temperature parfaite... Comme d'hab' pour le labor day week-end.*
Et puis d'un coup en un instant tout part en vrille.
Tu sais pas pourquoi, tu sais pas comment mais en un instant, tu passes en mode "pause".
Tu le vois pourtant: ton fils ne fait pas le demi-tour prevu, il fait juste un virage a gauche.
Et a gauche, c'est le gouffre.
Toi, tu saurais quoi faire, t'es habitue.
Tu bloques les freins.
Tu jetes le velo.
Tu te couches.
Tu sais.
"Vaut mieux se planter la, que plus bas".
Lui, il sait pas.
Il sait deja pas pourquoi il a pas freine ou pourquoi il a pas fini son U-turn.
Tout ce qu'il sait, c'est que s'il ferme les yeux, il verra pas ce qui se passe.
Alors il ferme les yeux.
Et il devale la pente.
Toi, tu t'es deja jete dans le vide.
Instinctivement.
Tu sais que ca va mal finir.
Tu te dis que plus tot tu te lances, le plus vite tu seras avec lui.
Ou peut-etre, tu crois que tu vas pouvoir battre la gravite et arriver avant lui a ce putain d'arbre qui est sur sa trajectoire.
Et la, t'entends le "Pah". LE choc contre l'arbre.
Sourd, mais lourd.
Et tu le vois, lui, ettendu par terre, qui bouge plus.
Et puis y'a pas un bruit.
Pas un pleur.
Rien.
Tic-tac-tic-tac-tic...
4, peut-etre 5 secondes ou tu te dis que ca y est c'est fini.
C'est long 5 secondes.
C'est vraiment tres long.
Surtout quand t'en passes une ou 2 a te dire que surtout faut pas le bouger, mais que bon putain, quoi, tu fais quoi, alors?
Et puis sortis de nul part, t'as un soupir et puis les pleurs.
"Enfin".

Moi ce jour-la, j'ai cru perdre mon enfant. Je me suis vus, pendant 4 secondes, sans lui.

J'ai eu peur. Pour de vrai.


NdR: Il s'en est sortis qu'avec des egratignures. Rien de casse, rien de foule. Rien. Juste des bleus... et une sacree collec' de CT scans et de radios...

*: oui, j'ai un peu tarde pour ecrire ce post... L'emotion, sans doute.