Ok, c'est un peu du rechauffe, mais en discutant avec Tango la semaine derniere, le sujet a ete remis sur la table: La question de "cnrs" qui se demandait pourquoi il y a tant de loyaute envers le CNRS de la part des post-docs Francais a l'etranger ne me parait, il est vrai pas super evidente, pour le commun des mortels.
Maintenant, avec un peu de lucidite et d'honetete, je dois dire que sans MmePiou, j'aurai certainement eu envie de rentrer en France. Explications.
La plupart des postdocs Francais que je connais ici, sont tous arrives ici seuls ou en couple. En couple de postdocs comprenez. C'est vrai que la these et ses horaires de debiles pousse au crime: qui d'autre qu'un autre thesard pour accepter de vous voir rester au labo jusqu'a pas d'heure, week-ends compris?
Pour la premiere categorie (ceux qui n'ont meme pas reussi a trouver quelqu'un partageant la meme passion (folie?), je pense que c'est pas toujours evident de se trouver des raisons de rester dans le pays d'expatriation: la famille et les potes sont loin, et pour ceux qui ont choisi les US (le seul cas que je connais): la difference culturelle entre les Francais et les Americains. Pas facile de serieusement trouver quelqu'un (amoureux(se) ou ami(e)s intimes) dans ces conditions. Je dis pas que c'est impossible je dis juste que c'est par forcement evident a mon avis (en meme temps, je peux pas en etre sur, j'ai pas teste). Et puis surtout ca prends du temps. Or un postdoc standard, ca dure 2 voire 3 ans. Donc forcement les gens arrivant seuls, resterons seuls et retourneront naturellement en France pour y retrouver leurs attaches, une fois le postdoc termine et le fameux papier publie.
Pour ceux qui sont arrives ensemble, l'objectif post-these est le meme: profiter de cette periode purement scientifique (pas de these a rediger) pour bosser le plus possible... Et pour les moins cons: profiter des 2 ans de non-impositions pour vivre tres confortablement et visiter tout ce qui est possible. Mais il y aura peu de place pour la vie quotidienne et encore moins pour envisager de faire un gamin. Sans compter les stereotypes qui vous diront que les US, de toute facon "c'est pas un endroit pour faire un gamin, vaut mieux attendre votre retour" et que le postdoc, c'est pas un bon moment pour faire ca, de toute facon... (mais question optionnelle: y'a t'il un moment?)
Dans les 2 cas, le fait est la: les jeunes chercheurs qui partent en postdoc, partent dans une optique de court-terme -qui de toute facon s'impose avec les problemes de visas dont je ne parle meme pas- avec un retour clairement planifie dans l'idee (ok, peut-etre pas dans la date)... Ensuite, en ajoutant les problemes d'isolement culturelles et professionnel, ils voudront tout naturellement -et je les comprends- rentrer en France.
Alors maintenant, pourquoi le CNRS?
Facile: ou voulez-vous aller autrement? l'INRA? le CEA? L'INSERM?
De toute facon c'est la meme chose au niveau de la carriere, car ces organismes publics fonctionnent selon le meme modele: concours a l'entree.
D'ailleurs, soyons honnetes, ceux qui ne rentrent pas, sont souvent ceux qui ne sont pas passes a travers les mailles des concours (ce qui ne veut pas dire qu'ils sont mauvais, ils ont juste pas ete classes premiers. Or si on en croit le vieux dicton en vogue en recherche: en France, y'a pas place pour les seconds).
Le probleme est que ces organismes publics representent 90% des jobs dispo, alors forcement...
Alors qu'est ce qui fait que je ne sois pas dans le moule? Deja [je gonfle le torse], je rentre pas les moules classiques. Je suis trop special [chevilles qui eclatent] et la situation est differente.
Deja MmePiou n'est pas dans mon monde professionel (la chance!) et elle m'aime. Du coup, accepter que je passe mes WE et mes nuits au labo, ca lui plait moyen et surtout elle a deja accepte ca pendant mes 2 premieres annees de these, donc c'est bon. J'ai donc ete contraint et force a profiter du temps libre. Et j'y ai pris gout. Et puis je crois aussi que son envie d'avoir un Pioupiou a completement change nos plans, notre facon de voir les choses et notre vie. Je veux dire que ca modifie nos (enfin "mes" plutot car elle a toujours ete bien plus mature que moi) priorites. Finalement, le boulot compare a ses gamins, c'est vraiment accessoire et en changeant nos priorites, on a aussi change nos attaches.
Bon y'a aussi assurement le fait qu'on a eu un bol pas possible avec la Lotery (meme si finalement on aurait peut-etre pu l'avoir par le boulot de MmePiou). Et puis aussi le fait que tout s'est incroyablement goupille.
Maintenant, si mon postdoc n'avait pas merde completement mais plutot demarre sur les chapeaux de roues, qu'au lieu d'avoir un Pioupiou, j'avais fait plein de super papiers qui m'auraient dirige sur un poste de CR1... Est-ce qu'on serait rentre? Je sais pas. Peut-etre. Mais je suis meme pas sur: ca ne dependait pas que de moi et le fait est: je me plaisais bien ici et MmePiou aussi.
Avec des si...
Une chose est sure: pour moi, la loyaute des jeunes chercheurs pour la recherche Francaise, c'est rarement un choix professionnel, c'est un choix affectif envers le pays (au sens affectif) et ceux qui y sont restes...
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