jeudi 6 juillet 2006

Quelque chose dans le crane.

La derniere fois que j'ai pris une decision de ce genre, c'etait en decembre 2003: Je realisais que les manips se finissaient, que y'avait plus grand chose a faire a court terme, que donc il allait falloir penser a ecrire cette fameuse et tant recherchee these. Ce qui impliquait aussi penser au futur, a l'apres-these. Un mois plus tard, apres un premier cut-off de Mme Piou sur mes possibilites, "San Francisco c'est OK, mais pas NY, ni Chicago", je visitais des labos en Californie a la recherche d'un postdoc. Le 18 fevrier 2004, je disais "OK" a feu mon chef actuel pour rejoindre son equipe. Le 10 juillet, je soutenais et les ultimes corrections au manuscrit etaient terminees le jour de mon depart du labo le 1er Aout. Il m'avait fallu 8 mois pour passer a l'acte, alors que j'avais pris la decision en 1 semaine.
Aujourd'hui, je suis dans le meme genre de situation: je vois la fin arriver. Je sens qu'il faut passer a l'etape suivante. Mais pas pour les memes raisons. Deja mon boss est parti, et apres Mars, y'aura plus de fonds. Donc faudra bien trouver un autre labo.
Mais la grosse difference, aujourd'hui en 2006, c'est que la recherche publique me gonfle. Grave. La course a l'ecriture d'article me fait suer. On en arrive a bosser non plus pour comprendre les choses mais pour "faire un papier". Or moi, faire un papier pour "faire un papier", j'en vois pas l'utilite, j'en ai pas envie. Enfin, je me dis que plutot que bosser pour autre chose que la comprehension du tout, autant bosser pour faire quelque chose de concret. Developper un kit de PCR, trouver de nouvelles molecules therapeutiques, ameliorer leur synthese/purification, les exemples sont nombreux. Mais j'ai aujourd'hui le besoin de TROUVER quelque chose de concret.
Et puis aussi soyons honnetes, y'a le pognon. D'autant que finalement, je gagne plus tellement bien ma vie: avec la creche qui me prend plus d'un tiers de mon salaire, les fins de mois restent tendues (heureusement que madame Piou gagne bien). Ouais, je sais que considerer la creche comme une retenue sur salaire, c'est une drole de maniere de calculer son salaire net. N'empeche. N'empeche que les salaires dans les biotechs du coin sont faramineux, qu'il y a, semble-t-il, plein de boulot et qu'on peut y faire de la vraie science (comprendre interessante) avec des moyens de fous et des horaires normaux. Et que je vois pas pourquoi je devrais m'en priver ou priver ma famille de tout ca. En tout cas, je vois pas pourquoi je devrais continuer a rester la ou mes seules vues d'avenir sont de rentrer au CNRS (c'est pas gagne avec 3 ans de postdoc sans papier -les reviews ne comptent pas), ou de tenter de monter mon equipe ici (c'est pas gagne non plus, meme si la, j'ai le prestige non negligeable de sortir d'un tres grand labo) ce qui impliquera de bosser comme un derate pendant 10 ans en mettant la vie de famille de cote. Fuck that, c'est hors de question.
J'espere que je ne deceverai personne (mes anciens collegues: La Bout', le Fafa, Robert, Feu mon ex-boss, DolceVita et son Addicted, Tango... ou mes anciens potes de fac: Mafalda, Junior...), mais j'ai pris ma decision: dans 8 mois max, je serai passe du cote obscur... Et pour le visa, je vais me demerder. J'ai toujours trouve une solution, y'a pas de raison que ca change. Et j'emmerde les pessimistes.

NDR: une nana du labo d'a cote part aussi dans un biotech: meme salaire, memes conditions que le Fonz' et Jessie James... Ca semble etre le standard tout ca...

MAJ 4h00PM: Je viens juste d'avoir une interview par telephone. Un peu surpris sur le coup car mon CV n'est pas en ligne et ils l'ont eu par le Fonz'... Dur. Je m'y attendais pas du tout. Je me demande si j'ai pas un peu chie... D'un autre cote, je sais a quoi m'attendre maintenant. On verra s'ils rappellent.

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